Hypnose pour enfants

Céline Castillo M.Ps., psychologue

Soyons clair dès le départ, à ce jour, le seul effet secondaire répertorié de l’hypnose est un état de profonde relaxation. C’est pourquoi, cela en fait une technique fortement indiquée dans les problématiques anxieuses (stress, crise de panique, anxiété de performance, de séparation, phobies, etc…). Toutefois ce ne sont pas les seules. En psychothérapie de l’enfant, les recommandations d’hypnose sont multiples. En plus de celles pré-citées, elle est aussi conseillée dans les cas, de trouble de l’attention, d’hyperactivité, de trouble du sommeil, de trouble de l’alimentation (anorexie/boulimie), de travail sur l’affirmation et l’estime de soi, de bégaiement, etc. Si elle souvent utilisée en dernier recours, c’est parce qu’elle reste encore méconnue. Cependant, elle n ‘est pas non plus le remède miracle et intervient souvent comme un traitement d’appoint venant renforcer l’efficacité du traitement psychothérapeutique ou médical classique.

Comment ça marche ?

L’intérêt de l’hypnose est double. Premièrement tout le monde est suggestible, deuxièmement c’est un état naturel déjà vécu par tout un chacun, au moins une fois par semaine. N’avez-vous jamais été dans les nuages ? Ou jamais relu plusieurs fois une même ligne d’un livre sans vraiment en avoir intégré son sens car votre cerveau vaquait ? Ces deux exemples sont des signes de transe hypnotique, car l’hypnose n’est pas un sommeil, mais un état modifié de la conscience dans lequel la personne est focalisée ou en hyper-concentration sur un point, une idée, une sensation ou une image. Cet état particulier de la conscience peut être induit grâce à l’intervention d’un psychothérapeute formé en hypnose à l’aide de techniques spécifiques.

En psychothérapie, avant de commencer une séance d’hypnose, il est important de faire une bonne évaluation de la situation. Cela inclue une compréhension du développement psychologique de l’enfant et de sa problématique, les attentes des parents et de l’enfant (qui ne sont pas toujours les mêmes) face au problème, une récolte d’informations auprès des parents (afin de bien connaître l’enfant). Mais il faut aussi expliciter ce qu’est l’hypnose, afin de la démystifier et de lever les craintes concernant une éventuelle manipulation. Il est impossible de manipuler quelqu’un sous hypnose et la technique ne fonctionnera que si l’enfant est d’accord pour la pratiquer.

Déroulement d’une séance.

Comme tout enfant est unique, il n’existe pas une mais des façons de faire. Le thérapeute doit adapter la séance à l’âge et aux intérêts de l’enfant.
De façon générale, durant la séance d’hypnose la conscience de l’enfant va passer par plusieurs étapes durant lesquelles son attention va se centrer. Il pourra, dans un second temps, élargir son champ de conscience et explorer d’autres manières de faire et percevoir de nouvelles capacités. Les différentes étapes sont :
l’induction : C’est le moment où il est demandé à l’enfant de focaliser son attention et se laisser absorber par son imagination. Il existe différentes techniques d’induction, telle l’imagerie visuelle grâce laquelle on emmène l’enfant dans son lieu favori, on lui présente des animaux, on lui fait observer les nuages ; ou encore l’imagerie auditive dans laquelle on peut l’amener à écouter sa chanson préférée ou encore l’imagerie motrice. Dans ce cas l’enfant peut voler sur un tapis, le thérapeute peut aussi lui proposer son sport favori. Les possibilités sont infinies et doivent être adaptées aux intérêts de l’enfant pour être efficaces. Contrairement aux idées reçues, l’enfant n’a pas besoin de rester allonger ou assis sur un fauteuil. Un enfant (surtout dans les cas d’hyperactivité) a besoin de bouger. Il est donc possible d’adapter ce besoin à la séance. De même que l’enfant peut rester les yeux ouverts. C’est souvent plus rassurant.

L’étape suivante est l’état hypnotique à proprement parler. L’enfant est à la fois ici et ailleurs dans son monde intérieur. Il devient extrêmement attentif et réceptif à ce que le thérapeute peut lui proposer. Dans cette phase et à l’aide de divers exercices thérapeutiques telles que des suggestions, des métaphores, du renforcement, etc, le thérapeute guide l’enfant à puiser dans ses ressources et à imaginer d’autres types de fonctionnements qui lui permettront de contourner et résoudre ses difficultés.

La séance se termine toujours par la sortie d’hypnose et l’enfant conserve les suggestions apportées durant la transe hypnotique.

Un problème plus large.

L’hypnose n’est pas une thérapie, c’est une technique parmi diverses, mises à la disposition des psychologues. De ce fait, elle est rarement utilisée seule et le thérapeute ne peut faire l’économie d’une psychothérapie. Prenons par exemple le cas d’enfants ayant un TDA/H. Du fait de leurs comportements, ces enfants font souvent face à de nombreux échecs (peu d’amis, piètres résultats scolaires, beaucoup de conséquences et punitions, etc). Le manque de concentration peut avoir des raisons multiples. Avec l’aide du thérapeute l’enfant peut détecter les embûches sous-jacentes à ce problème, telles que le manque de confiance, le stress dû à l’échec, la fatigue psychologique, une dépression, de la dévalorisation, des idées négatives, etc.

Ainsi l’hypnose peut servir à abaisser le niveau d’anxiété de l’enfant mais aussi à développer des stratégies visant à contrôler ses décharges émotionnelles, à limiter l’impulsivité. L’hypnose sert aussi à agrandir sa durée de concentration et à améliorer un sentiment de confiance dans sa capacité d’apprentissage scolaire.

Vers l’autonomie.

On l’aura compris, contrairement aux idées reçues l’hypnose demande une grande part de participation de l’enfant à son propre mieux-être. De ce fait, elle renforce le sentiment de contrôle, d’efficacité et de sécurité essentiels à son développement psychologique.

Guidé par le thérapeute, l’enfant peut, en quelques séances acquérir les techniques nécessaires pour se mettre en autohypnose. En plus d’augmenter ses capacités attentionnelles, cet apprentissage lui permettra d’être plus autonome, d’acquérir un sentiment de sécurité intérieure, d’explorer ses propres ressources et d’avoir les outils pour faire face à la plupart de ses difficultés.